Emmanuel Desdoigts, auditeur Agriculture Biologique

C’est un frein majeur au développement de l’agriculture biologique sur notre territoire qui vient d’être levé ! Dorénavant, c’est un « auditeur AB » basé à Mayotte qui effectuera les audits et contrôles de certification, simplifiant ainsi les démarches pour les agriculteurs qui souhaitent obtenir le label Agriculture biologique. Nous l’avons rencontré.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’habite à Mayotte depuis 2010, je suis ingénieur en développement agricole indépendant, je travaille principalement pour des associations et des collectivités. Et je suis depuis peu auditeur Agriculture Bio pour le compte de Certipaq Bio, un organisme certificateur implanté en métropole et à La Réunion.

Comment étaient organisés les audits jusqu’à maintenant ?

L’organisme certificateur envoyait des auditeurs de La Réunion pour réaliser les audits à Mayotte, mais c’était compliqué à organiser, pas flexible et très cher !

En quoi la présence continuelle d’un auditeur sur Mayotte va participer au développement de l’agriculture biologique ?

C’est beaucoup plus de souplesse, cela permet plus de réactivité dans la planification des audits et contrôles. Les agriculteurs locaux sont en demande de certification AB. Ne pas avoir d’auditeur sur place compliquait les choses en demandant une organisation lourde.

Je pense que le travail qui est en train d’être mené par les premiers agriculteurs en cours de certification va en intéresser d’autres, qui auront eux aussi envie de se lancer : nous misons sur l’effet « boule de neige » !

Par ailleurs, ma connaissance de l’agriculture locale et de ses particularités permet d’avoir des rappels à la règlementation en phase avec les réalités : si je vois un congélateur dans un champ, je sais que c’est une réserve d’eau ou un abreuvoir, contrairement à un auditeur qui ne connait pas Mayotte et qui pourrait remettre en question les pratiques de l’agriculteur.

Pouvez-vous nous rappeler les étapes pour obtenir une certification AB ?

Quand un agriculteur souhaite se convertir en AB, il s’adresse à l’organisme certificateur, qui évalue la charge de travail et le coût de la certification (à la charge de l’agriculteur). Puis un contrat d’engagement est signé entre les 2 parties. Dans les 2 mois, j’interviens pour réaliser un contrôle initial : listing de toutes les productions, premier contrôle des pratiques, rappels à la réglementation… Quand ce contrôle est terminé, Certipaq édite un premier certificat, preuve officielle que l’agriculteur est engagé dans une démarche de certification. Au bout de 2 ans, l’agriculteur peut obtenir le label et l’afficher.

Chaque agriculteur engagé en AB est contrôlé au moins une fois par an, et j’exerce aussi des contrôles inopinés, sur le respect de la non-utilisation de produits de synthèse, les règles de rotations culturales, la traçabilité et la documentation des pratiques, etc.

Avez-vous déjà débuté les audits ?

J’ai été formé par Certipaq en début d’année 2023, puis j’ai tout de suite commencé les contrôles et audits. Beaucoup de retard a été accumulé, justement par manque d’auditeur sur place, alors il n’y a pas de temps à perdre ! J’ai audité 13 agriculteurs accompagnés par l’EPFAM en une semaine. Ils rentrent donc en période de conversion.